Grande distinction, (partiellement) grâce à une chanson (…)

Nous sommes en l’an de grâce 1980. Un jeune étudiant passe sa leçon d’examen pour obtenir son diplôme d’agrégé en langues germaniques, le « sésame » universitaire pour enseigner le néerlandais et l’anglais dans l’enseignement secondaire supérieur. Il bénéficie, à sa grande satisfaction, d’une totale liberté pour le choix de sa leçon, sachant qu’elle s’adressera à des élèves de 3e générale, qui terminent leur première année d’apprentissage de la langue anglaise. Il ne lui faut pas longtemps pour traduire cette totale liberté en une leçon originale, qui restera dans les annales (…)

Aux élèves de cet athénée de la ville de Bruxelles, il propose d’écrire, avec eux, une chanson, qui se veut simple au niveau des paroles, compte tenu du bagage lexical limité des élèves après à peine 9 mois d’apprentissage.

Un jeu de questions/réponses en français commence alors (…)
Choisissons d’abord un thème. Pourquoi pas un « rêve » ? Comment dit-on « rêve » en anglais ? (« dream »).
« Chanter une chanson » se dit ? (« to sing a song »).
« L’avenir, le futur » devient en anglais ? (« the future »).
Et la traduction du mot français « destination » est ? (« destination »).

Et de fil en aiguille, de suggestion en suggestion, et en donnant certains vers en langue anglaise tels quels, la chanson a pris forme. Et les élèves les plus perspicaces ont reconnu une chanson sortie un an plus tôt (1979) et interprétée par un groupe qui a marqué l’histoire de l’Eurovision et de la chanson.

Et, bien entendu, la leçon s’est terminée par une interprétation de la chanson et a valu, ensuite, à l’étudiant, de décrocher son diplôme avec « grande distinction », (partiellement) grâce à cette chanson. Et cet étudiant, c’était moi (…).

Et ce soir, cette même chanson est au programme de notre proclamation (…). Passons donc du « rêve » à la « réalité ».

Jean-Paul Delaunoy
Préfet des Etudes de l’Athénée Royal d’Enghien

Interview (presque) à chaud de notre Préfet, Monsieur Jean-Paul Delaunoy, au lendemain de « sa » proclamation 2015

-Webmaster : 24 heures après votre « prestation » lors de la proclamation 2015 de ce mardi 30 juin, quels sont vos sentiments ?

-Mr le Préfet : Ils sont multiples : le sentiment d’avoir échappé à des conditions climatiques encore plus difficiles au niveau température comme ce 1er juillet 2015, même si, hier, nous avons tous souffert de la chaleur, d’autant que j’ai fait « durer le plaisir » durant 2h30. Mais j’estime que les élèves méritent d’être mis en valeur lors d’une proclamation. Sentiment du devoir plus qu’accompli, si j’en juge par les multiples félicitations et remerciements reçus à l’issue de cette proclamation.

-Webmaster : Il est vrai que votre 7e prestation, à l’instar des précédentes, n’est pas passée inaperçue, avec, en point d’orgue, le groupe « ABBA » , version « maison », soit 5 de nos rhétoriciens sur scène (même si le groupe d’époque comptait 4 membres), interprétant « live », au cours de la soirée, 5 titres (successivement I Have a Dream, Gimme Gimme, The Winner Takes it All, Waterloo et Mamma Mia, ce dernier repris ensuite par la promotion 2015). Pourquoi ce choix ?

-Mr le Préfet : D’abord, tout bonnement, parce que j’adore ce groupe mythique (et je ne suis pas le seul). Ensuite, parce que ce groupe suédois a contribué à l’obtention de mon agrégation en langues germaniques (avec grande distinction) en 1980 (ULB), quand j’avais imaginé, pour ma leçon d’examen, d’écrire une chanson avec des élèves de 3e générale ayant à peine 9 mois d’apprentissage de la langue anglaise derrière le dos. Et, au final, la chanson n’était autre que I Have a Dream, sortie alors juste un an plus tôt (1979). Et enfin, parce que ABBA avait remporté le concours eurovision de la chanson en 1974, que ce même concours venait de fêter ses 60 ans d’existence et que Waterloo faisait partie de l’actualité récente, avec l’évocation du bicentenaire de la bataille perdue par Napoléon.

-Webmaster : Vous avez évoqué cet épisode de votre leçon d’examen, à votre manière, donc avec originalité, dans votre « discours » qui, il faut l’avouer, ne ressemblait en rien à un discours traditionnel lu du haut d’un pupitre.

-Mr le Préfet : Je ne vous apprendrai rien en vous disant que je ne suis pas quelqu’un de routinier et de conventionnel. J’ai donc ressenti le besoin de remplacer la simple lecture d’un texte par un exercice qui n’est pas des plus faciles, à savoir une improvisation, même si un texte écrit figure dans le palmares (voir annexe – note du Webmaster). J’ai ainsi choisi de descendre du podium et de déambuler le long de l’allée principale et, à certains moments, d’interroger le public, à l’instar de ma leçon de 1980. Et manifestement, l’idée a amplement porté ses fruits.

-Webmaster : Parlant d’improvisation, vous nous avez donné l’impression de l’exercer régulièrement, comme vous l’avez prouvé plus tard dans la soirée quand il s’est agi de combler un « vide » de quelques minutes, car « ABBA » n’était pas prêt pour le titre suivant. Etes-vous un adepte de l’improvisation ?

-Mr le Préfet : Selon moi, cette capacité d’improviser est, quelque part, inhérente au métier d’enseignant. Disons simplement que l’expérience en la matière est un atout supplémentaire et que, pour utiliser le jargon actuel, l’expression verbale est probablement une compétence acquise chez moi (…)

-Webmaster : Revenons, si vous le voulez bien, à la prestation scénique de nos 5 rhétoriciens. Comment les avez-vous « sélectionnés » ?

-Mr le Préfet : Très simplement : à l’issue du spectacle des rhétos. Jean-Pierre Guidoni, dans son rôle de Napoléon, nous avait subjugués. Corentin Leclère, chanteur et saxophoniste, était aussi une évidence, de même que Salimata Diaby, qui avait prouvé ses talents de violoniste en Angleterre, lors d’un séjour linguistique en 2014. Clémence Corominas et Margaux Paternoster faisaient aussi partie du spectacle des rhétos 2015. Elles m’avaient impressionné par l’harmonie et la puissance de leurs deux voix.

-Webmaster : Mais de là à en faire un groupe capable de chanter du ABBA, il y avait une marge. Vocalement, interpréter du ABBA, ce n’est pas à la portée de tout le monde !

– Mr le Préfet : Effectivement. D’autant que Clémence et Margaux ont chanté réellement, que Corentin a joué en live du saxo, tout comme Salimata du violon. Le secret : un coach incroyable, Mr Gaëtan Bruynbroeck, qui les a entraînés durant de nombreuses heures, avec le résultat que vous avez constaté : du grand art. Il est vrai que nous avons la chance de pouvoir compter sur l’équipe de LIVE PRODUCTION pour la sonorisation de nos spectacles. Karim de Lange (au demeurant ancien élève de notre établissement) et Gaëtan Bruynbroeck sont de vrais professionnels, dans le sens noble du terme, à savoir des gens extrêmement compétents et fiables.

– Webmaster : Et les costumes ? Du ABBA sur mesure ! D’où viennent-ils ?

– Mr le Préfet : Je n’aurais pas pu imaginer une représentation sans les costumes typiques de ce groupe mythique. J’ai donc recherché, sur le net, des costumes coordonnés hommes/femmes « ABBA style ». Et vous avez vu le résultat !

– Webmaster : Nous étions curieux de voir comment vous alliez surpasser vos 6 proclamations précédentes et nous savons, à présent, que vous pouvez toujours nous étonner.

– Mr le Préfet : Si vous le dites (…). Rendez-vous le 30 juin 2016 pour de …nouvelles surprises (…)